Dans les deux spectacles évoqués ici, le “star system” bien qu’étant une composante essentielle de la compréhension du spectacle n’enlève rien à la qualité du propos artistique. Ce sont des spectacles dont la force ne vient pas de la distribution, mais dont la puissance est servie par les protagonistes.
Étiquette : théâtre des célestins
Festen de Cyril Teste par le Collectif MxM
Ainsi, la force de cette proposition crée aussi sa faiblesse : là où l’alliage théâtre-cinéma permet une augmentation de sens et des effets spectaculaires qui appuient sur la notion de divertissement du projet, cette alliance provoque aussi une perte en force de frappe de chaque média, et provoque par moment la frustration d’un spectateur qui n’est ni devant un film ni devant une pièce mais devant une performance qui s’auto justifie, aux dépends par moments de l’émotion et de la sensibilité dont il peut se sentir exclu.
Loveless, d’après Claude Jaget, mise en scène de Anne Buffet et Yann Dacosta
Mais là où la jouissance du jeu de l’acteur dégage un plaisir réel et profond, la violence du même processus chez les prostituées est révélée de manière d’autant plus cruelle et difficile. Et pourtant la joie, la danse, les couleurs et l’humour restent les grands vainqueurs de ces discours de femmes, où s’entremêlent les voix de personnalités riches et délurées.
Tous des oiseaux de Wajdi Mouawad et A la trace d’Alexandra Badéa
Ces deux pièces tracent les destins singuliers d’individus tiraillés par la quête de leur origine : un événement remet en cause leur conception d’eux-mêmes, bouleverse leur histoire et par cela leur identité. Quand un mystère se met à planer sur notre naissance et notre filiation, la vie ne peut suivre son cours impartial.
Margot d’après Marlowe par Laurent Brethome
Ainsi, la représentation du texte ancien est modernisée, actualisée, tant dans les moyens techniques que dans la lecture qui en est faite. Les scènes de sang et de violence sont légions, entrecoupées de scènes plus ou moins provocantes et/ou sexuelles, le tout dans un cadre où la musique est omniprésente, faisant monter la tension, et où la scène pleine de néons est souvent plongée dans une fumée dense. Rien d’incroyablement original donc, mais des moyens connus pour leur efficacité, au service de cette mise en scène.
La fuite ! de Boulgakov par Macha Makeïeff
Une voix prophétique semble s'élever de ce spectacle mystérieux, et tandis qu'on assiste à la difficulté de la misère, du déclassement social brutal, du confinement dans des zones ghettoïsées, du détraquement progressif d'un rêve qui se casse la figure comme une musique dissonante se désaccorde, ne laissant que cendres sur le plateau, on ne peut que constater que l'on a assisté à une situation bien plus universelle, et bien plus répétée que ce simple exemple des années 20 et de la guerre civile russe ; et la folie des personnages prend un tout autre écho dans nos sociétés modernes.