Le public devient littéralement acteur du spectacle, accomplissant l'idéal des théories récentes sur le sujet, mais alors qu'il est d'habitude inévitablement bloqué dans une passivité de regardant, ici cette impuissance devient elle aussi objet de jeu, renvoyant dos à dos la passivité d'un spectateur à celle forcée d'un otage.
Catégorie : Sens Interdits 2017
L’Alchimie du Verbe est présente sur la cinquième édition de ce festival qu’elle considère comme un des grands moments culturels de la vie de notre pays. Retrouvez toutes les critiques de Louise et de Raf sur les spectacles de la programmation !
Bon Festival et Bonne Lecture !
Une longue peine, mise en scène par Didier Ruiz
La mise en scène, par système d'avancées et reculs sur le plateau nu, permet d'entrelacer les récits, de tisser des liens entre des parcours complètement différents et pourtant malheureusement trop semblables. La langue des témoignages a été retravaillée, réécrite, et pourtant on sent de temps à autre revenir la langue brute et sincère, sans filtres, de ceux qui ne sont pas habitués à utiliser les mots comme armes. Et qui pourtant parviennent avec brio à lier le fond et la forme dans un spectacle aussi beau que nécessaire.
Labio de Liebre écrit et mis en scène par Fabio Rubiano par la compagnie Teatro Petra (Colombie)
Le théâtre de Fabio Rubiano est un théâtre engagé dans la pensée et débordé par les limites étroites de la poésie : il expose une sorte d'ardeur théâtrale féconde pour accoucher de réflexions intenses sur notre condition humaine et provoquer par le rire, nos douleurs encloses...
Body Revolution and Waiting, conception et mise en scène de Mokhallad Rasem
Ces deux petites formes racontent une expérience sensible de la souffrance, et l'on perçoit des figures brisées qui sentent leurs néants à chaque pas qu'elles exécutent, qui exécute leurs espérances. Il y a une manière très naturelle des danseurs de se mêler au décor vidéo, de s'y voir projeté, en fuite et évanescent ou lové dans ses replis, enroulés dans sa toile, parfois accroupi dans sa lumière...
Je n’ai pas encore commencé à vivre, par le théâtre KnAM, mise en scène Tatiana Frolova
Ce théâtre est un monde nouveau, fabuleux et si singulièrement théâtral, qui fait sans doute de cette théâtralité candide et terrifiante de Tatiana Frolova, une des plus lucides qu'on puisse espérer pour mieux comprendre notre condition humaine et apprendre à être libre, se libérer de nos peurs d'abord pour avancer en toute sérénité.
Hospitalités dans une mise en scène de Massimo Furlan (Compagnie Numero23Prod) avec des habitants de la Bastide-Clairence.
Ce spectacle devient dès lors une arme d'espérance contre la dévastation programmée de « l'humanité ». J'entends par ce terme le sentiment d'appartenance à une terre peuplées d'horreurs et de souffrances que chacun doit combattre à sa façon, et accueillir des migrants comme faire du théâtre offrent la possibilité d'exalter ce sentiment d'appartenance, de montrer qu'il est réel et qu'il existe encore, fort heureusement !