Elle nous parle, elle titube d'ivresse et de désir, sa voix s'adonne à la mélancolie et à la fureur ; elle parle à tout ce qui en nous est sans cesse retenu, taiseux, médiocre : elle nous apprend l'humilité et la terreur.
Étiquette : festival in avignon
La dernière nuit du monde de Laurent Gaudé dans une mise en scène de Fabrice Murgia
La pièce a quelque chose de fragile, mais la douceur du jeu de Nancy Nkusi mêlée à la fureur endolorie de Fabrice Murgia, tout cela rehaussé par l'écriture lumineuse de Laurent Gaudé, lui donne en réalité une force insoupçonnée qui s'étire jusqu'à faire sortir les personnages des espaces où ils sont assignés.
Place des Héros de Thomas Bernhard dans une mise en scène de Krystian Lupa
Il y a quelque chose chez Lupa d'un art éteint, sans flambeau, pesant et pourtant aérien, un souffle in-consumée prêt à faire naître des regards compatissants et amoureux dans l'orgueil du spectateur.
Ce n'est pas la fascination qui prédomine au premier abord mais une sorte de sensation étrange d'ennui, mais l'ardeur dramaturgique bientôt nous emporte aux seuils d'une histoire, notre histoire, celle de tous, celle qui doit nous faire haïr les politiques les plus sombres qui sous couvert d'obséquiosités nous promettent de grands changements portés par un vent fielleux...
Lotissement de Frédéric Vossier dans une mise en scène de Tommy Milliot par la Compagnie Man Haast
Tommy Milliot signe avec la Compagnie Man Haast, une pièce éclectique bordée par des propositions dramaturgiques intéressantes et des acteurs qui maîtrisent parfaitement la non-maîtrise de la vie de leurs personnages. Lotissement demeure ainsi un très beau travail qui utilise parfaitement les dispositifs de lumières et de sons rasants, effaçant le corps pour laisser place à ce qu'on appelle parfois l'imaginaire...
Les Âmes Mortes d’après le roman de Nikolaï Gogol dans une adaptation et une mise en scène de Kirill Serebrennikov par Le Gogol Center de Moscou
Le metteur en scène et sa troupe nous livre une adaptation mesurée de l’œuvre de Gogol aux traits burlesques accentués et évacuée de tout fondement politique. La mise en scène et la direction d'acteurs possèdent cet excès achevé, quelque chose d'insolite et de salvateur, tout se crée en décalage, et ce décalage nous fait percevoir des horizons inconnus et parfois inaccessibles...
Babel 7.16, une chorégraphie de Damien Jalet et de Sibi Larbi Cherkaoui
Babel 7.16, ce n'est pas le récit d'une séparation, mais au contraire le geste d'hommes et de femmes réveillés par leurs instincts et qui trouvent dans la danse un rempart à leurs peurs et à leurs velléités.
L'ensemble forme un spectacle saisissant, grandiloquent et plein d'une délicatesse impétueuse...