Dans le cadre du Festival Les Nuits de Fourvière
- © Paul Bourdrel / Ina de Yard
Cette année encore pour la fameuse nuit du 14 juillet, la scène s’est illuminée dans le vieux théâtre romain. La magie qui y opère a chargé les pierres grises de sable fin des Caraïbes tandis que les tambours d’Inna de Yard et la verve provocatrice de Calypso Rose ont rempli l’espace sonore de leurs musiques roots. Le collectif Inna de Yard a fait une entrée qui est presque passée inaperçue sur scène. À la file indienne, ils chantaient déjà et ils n’ont pas arrêté jusqu’à la fin de leur set qui a fait resurgir quelques-uns des plus beaux morceaux de reggae connu. Les percussions puissantes ont su réveiller le public. Avec joie, tantôt parsemée de mélancolie, ces musiciens passionnés ont offert à une assemblée pleine de ferveur une communion musicale. Les émotions transparaissaient à travers les voix, dont celle de l’inimitable Cedric Myton lors de son interprétation de Youthman.
Cette chanson fut écrite en 1979 pour prévenir la jeunesse jamaïcaine des gangs qui continuent encore à sévir sur l’île. Reprise en chœur par Kiddus I & Co, elle a été le vrai signal de départ de la soirée. Inna de Yard, signifie “dans la cour”, en raison de ces traditions de Kingston qui voulaient qu’on fasse cuire le repas dans la cour derrière la maison. Cette « cour » où se mêlent les générations, c’est la scène du théâtre de Fourvière pour une nuit, entre ces ténors oubliés des années 70 (dont Kiddus I et Cedric Myton) et la jeune génération du reggae comme l’infatigable Derajah. Le collectif Jamaïcain clos cette première partie tambours battants. Elle a offert à l’assemblée un voyage dans l’histoire du reggae et une belle ouverture vers le futur de cette musique.
- © Paul Bourdrel / Calypso Rose
Intraitable et infatigable, tout le monde s’accorde à le dire : Calypso Rose reste “Calpyso Queen”. Celle qui a remporté le prix de “Meilleur Album de musique du Monde” en février aux victoires de la musique et qui a mis le feu au Zénith de Paris à cette occasion revient encore une fois à Lyon pour un show travaillé.
Le Calypso, aussi appelé Kaiso, est originaire des Antilles. Historiquement, c’est une musique de Carnaval à deux temps. Mais c’est également une chanson à textes, ce qui en fait incontestablement une arme de choix aux mains de McCartha Linda Sandy Lewis, alias Calpyso Rose, pour propager tous ses messages, et spécialement celui sur l’inégalité homme-femme. Le genre fut dévoilé au grand public pour la première fois aux Etats-Unis par les Andrews Sisters.
Depuis, il a fait son chemin pour devenir une des musiques les plus appréciées du monde et la Queen (Calypso Rose NDLR) l’a rendue engagée avec des titres comme Leave me Alone qu’elle interprète lors de cette nuit du 14 juillet.
Calypso Queen est consacrée en 1977 lors de la “Trinidad road march”, un “concours musical” qui a lieu lors du carnaval de Trinidad et Tobago et qui voit se produire ce qui se fait de mieux en artistes de Calypso. Il sera renommé un an plus tard “Calypso Monarch” en l’honneur de Calypso Rose qui signera un nouveau succès cette année-là. Elle partage avec enthousiasme cette musique engagée à la rythmique entraînante.
Pour cette soirée aux nuits de Fourvière, elle s’est entourée de musiciens plus talentueux les uns que les autres et qui aiment à le prouver durant tout le concert en se livrant à des battles. Il y a également une véritable complicité entre les musiciens, les chanteuses et la Reine de la soirée et on peut voir un profond respect qu’ils éprouvent à l’égard cette dernière. Le fil rouge de la soirée est alimenté par des anecdotes personnelles de la vie de Calypso Rose qui font référence à ses musiques, souvent en prenant le public à parti avec une verve étonnante et cadencée par ses déhanchés antillais toujours aussi maîtrisés.
La reine tire sa révérence sur le traditionnel feu d’artifice qui éclate au-dessus des arcades du théâtre. C’est à la lueur des explosions que son sourire retourne dans l’ombre, accompagnée par le régisseur de la scène des nuits de Fourvière, infatigable au cours de cette soirée à la servir.
Calypso rose is Calypso Queen, long life to the Queen !
- © Paul Bourdrel / Feux d’Artifices sur Fourvière