Critique de spectacle

Collectif Héros dans le cadre du Festival Livraisons d’été aux Subsistances

Livraisons d’été, un festival de tous les héros

Il est important de souligner la forme particulière de ce spectacle composé d’une sorte de triptyque de trois formes courtes de théâtre, créant dès lors différentes perspectives avec pour horizons et dénominateurs communs d’évoquer l’épaisseur du héros, nous détaillerons donc chacune de ses formes.

La première forme se concentre autour d’un travail lié à un projet artistique égyptien nommé The Bussy Project, composé ici dans cette forme Fashoush de Sondos Shabayek et de Mona El Shimi. Il s’agit d’une forme de théâtre qui se construit au fil d’un récit qui s’apparente à une sorte de témoignage. L’ensemble est portée par des comédiennes qui font résonner la langue arabe avec force et qui font naître dans les émotions des spectateurs, une attention grandissante. Ce type de récit se profile autour d’une histoire personnelle qui se rattache aux grands événements tel que le printemps arabe en Égypte. Il s’agit en quelque sorte d’une mélopée grisonnante qui dénie toute force au pouvoir et à l’aura d’un héros. Il s’agirait selon mon ressenti d’une fable sur la désillusion politique.

La seconde forme Galooooop ! s’articule autour d’une lecture d’un texte de Vincent Thomasset par l’auteur lui-même accompagné d’Anne Steffens. Il s’agit d’une succession de petits textes, des sortes d’histoires pressées qui n’accusent pas forcément de lien entres elles, la lecture constitue dès lors un moment fort divertissant.

La troisième forme Le singe avait raison serait une sorte d’oratorio ordonné par l’auteur et metteur en scène congolais Dieudonné Niangouna accompagné par deux comédiens et un musicien d’une tendance électronique. Cette courte forme varie entre des passages de chants, et est entrecoupée de performance de différents textes qui tissent une sorte de rhapsodie autour de la figure de Papa Wemba, chantre de la rumba congolaise décédé il y a peu. Il s’agit de chanter l’engagement politique de ce chanteur, et d’évoquer la question de la négritude dans notre société avec un lyrisme ténébreux redoublée par la violence de l’actualité à l’égard des minorités. Le ballottement de la musique et le travail autour d’une forme de création sonore permettent de renforcer cette performance conçue comme une nébuleuse, ouverte sur tous les horizons artistiques et humains.

En définitive, cette concaténation de formes courtes conçue par les Subsistances s’inscrit bien dans un accompagnement artistique semblable aux Chantiers. Il s’agit là encore de soutenir des projets artistiques, des jets, des lueurs encore fragiles qui permettent de prendre des risques et de faire du théâtre, non pas simplement un divertissement, mais un laboratoire d’idées et de formes.

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