Ce spectacle de Lorraine de Sagazan interroge le tragique de la vie en couple et de la mort de l’amour et du désir. Il s’agit d’un huis clos librement inspiré de la pièce de Lars Norén. Pour contrer l’ennui, Antonin et Lucrèce décident d’inviter tous les voisins de leur immeuble. Ces voisins, ce sont nous, qui assistons médusés à la chute de ce couple. Le rire se confond avec la gêne. On notera qu’Antonin a une urne funéraire qui contient les cendres de sa mère. Mais on réalise assez vite que ces cendres constituent la métaphore de leur couple, de leur amour. De la mort du désir.
Cette pièce est d’une douce noirceur, mais se veut résolument pessimiste. Ici le rire n’est pas pour se purger de ses passions, il s’agit d’un aveu d’impuissance, d’un dernier soupir pour communier avec tristesse et rire avec le public. Le spectacle est d’ailleurs « interactif » grâce à un dispositif en scène bi-frontale, et fort heureusement, il ne s’agit pas d’un vain exercice ; au contraire cela participe au processus d’identification : les acteurs qui se déchirent forment en réalité notre propre reflet, l’extériorisation de nos démons intérieurs.
© Pauline Le Goff

