Cette représentation nous laisse le goût amer de la trahison, l’histoire qui s’offre à nous, nous glace dans son extraordinaire inquiétude. Le texte d’Harold Pinter ne pouvait pas être aussi bien joué que par des comédiens dirigés par Mesguish. Il nous offre là, une performance incroyable, à travers une mise en scène très belle, un jeu sur les lumières qui offre une très belle vision d’ensemble, et qui donne encore plus d’amplitude au jeu des comédiens, qui reste et demeure tout au long de la pièce, d’une étrange et céleste quiétude. Le texte n’est pas très poétique, et les thèmes qu’il aborde sont très vite épuisés : la tromperie, la trahison, le mensonge, la violence et la condescendance des rapports humains. Pourtant, le metteur en scène a su donner à chaque phrase et à l’ensemble une grande amplitude, qui rend fascinante l’évolution des personnages partant de la fin de leur relation, à travers des flash-back, jusqu’à arriver à l’instant où tout a commencé. Cette mise en scène nous montre bien que la fin de la pièce, qui nous montre le début de la trahison, est dès le départ voué à l’anéantissement. Ce spectacle est d’une belle facture, et est la démonstration d’une très grande maîtrise du jeu chez tous les comédiens, notamment la jeune comédienne Sterren Guirriec, dont l’éloquence et la gestuelle augmentent à chaque réplique sa beauté menaçante. Le spectateur est peut être le seul à ne pas être trahi.