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Le Suicidé de Nikolaï Erdman dans une mise en scène de Yann Capron ( Enscène)

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Informations sur le spectacle : 

Du 7 au 10 avril en Festive à l’ENS de Lyon sur le site Descartes Vendredi 7, samedi 8 et lundi 10 avril à 20h30 Dimanche 9 avril à 19h

Un spectacle programmé par Enscène !

Vous pouvez retrouver un entretien du metteur en scène dans l’émission EnSpectateurs par Marie Lécuyer et Antoine Alario

Brève : Un travail qui s’illustre par l’acuité du burlesque

Il s’agit là d’une très belle production étudiante qui s’harmonise à cette pièce terrible et cruelle de Nikolaï Erdman qui raconte l’histoire d’un homme Sémione Sémionovitch, chômeur dans la Russie post-révolutionnaire de 1917, qui prend la décision de se suicider. Aussitôt des personnages apparaissent comme autant d’entremetteurs qui veulent utiliser la mort de Sémionovitch pour servir leurs idéaux ou flatter leurs egos. On retrouve un prête, un membre de l’intelligentsia russe, des femmes vénales qui vont chercher d’une certaine manière à récupérer la mort possible du personnage pour dénoncer leurs conditions sociales. L’ensemble est évidemment teinté d’absurde, d’autant que la solennité de la mort s’effectue en un joyeux accompagnement du futur défunt, une sorte de cérémonie d’adieu aussi morbide que jubilatoire qui occupe une bonne partie de la pièce.

La pièce se dévoile dès lors dans différents passages successifs où les atmosphères pesantes sont dévoyées par un burlesque affirmé jusque dans les costumes et les attitudes des comédiens, qui portent leurs propres déchéances en des excroissances pour certains d’entre-eux, même si ce burlesque manque d’une tristesse kafkaïenne qui lui donnerait plus de probité et de force.

Au demeurant, le jeu des comédiens s’actualise sans cesse dans ce monde poussé et acculé par la désillusion et qui voit dans l’opportunité d’un suicidé, l’occasion d’une complaisance hasardeuse et cruelle pour construire l’identité du mort, qui est le seul à pouvoir parler et dénoncer la société.

Il serait ici pour trop, peu utile de dévoiler l’histoire et d’en saisir plus avant les enjeux. Il faut se rendre à cette pièce instillée par un dynamisme qui lui donne une force comique sans cesse regimbée par des saillies étranges et burlesques qui sont autant de questionnements qui s’affirment dans notre monde contemporain, mais qui sont ici l’occasion d’une franche rigolade teintée d’un esprit sincère, qui dégraissant les enjeux politiques et philosophiques de la pièce, promet au spectateur un intense moment de rire quoique parsemé de gestes funèbres et sincères que l’on retrouve notamment dans l’interprétation d’Adrien Foutelet.

A voir !

Raphaël Baptiste

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