Deux dernières représentations à venir le 20 et le 21 Juillet à la Plaine de l’Abbaye
Blesse-moi, tendrement ?
Sous un immense chapiteau rouge de presque trente mètres de haut, vous êtes conviés à un véritable « show » où déjà sur scène attendent une batterie étincelante et ses acolytes électriques, guitare, basse, synthé, micros. Une femme hurle dans le public, cherche sa place, pousse un homme assis, tombe… Le spectacle commence en trombe dans un humour proche du burlesque quand retentit la musique. Les acrobates sont tous là dans le public et commencent à danser avant de descendre sur scène.
Une grande énergie se dégage de la troupe qui, par un jeu de « je t’aime moi non plus » va habiter le plateau, les gradins, et surtout les airs. En effet, leurs corps taillés au fil du temps dans leur art qu’ils maîtrisent s’enlacent violemment puis plus doucement. On dirait qu’ils se disputent, s’agacent, se courent après. Un couple joué par un fille un peu folle perchée sur ses rollers rétro nous fait son cinéma comme on pourrait dire, tandis que son amant essaie de la convaincre, sans doute « qu’il n’a rien fait », et tous deux finissent dans un ballet digne de patineurs sur glace. Tournant autour de ces relations sociales qui tissent un groupe d’amis de longue date, la troupe est malgré tout unie, car il le faut lorsqu’on envoie son partenaire virevolter à l’autre bout de l’arène ! Les êtres sont bruts, les femmes hurlent et pépient et à certains moments on se demande où est passé le « tender », pendant du « hurt me ». Car les scènes intermédiaires aux numéros virtuoses manquent parfois d’authenticité, de tendresse justement, et on peut rester sur une sensation de prétexte malgré la volonté très certaine d’emmener le spectateur dans une narration.

Au delà de ce ballet festif, la musique prend une place particulière. Déjà, la présence des musiciens sur scène jouant un rock proche d’un univers electro aux accents Bowie rythme à merveille la pièce ; ils font intégralement partie de la création et sont attentifs à la gestuelle des interprètes. Le chanteur relève son col, un instant nous sommes dans un bar un peu ringard au fin fond des années 90. On est de fait très entraîné, et le groupe réussit à tenir éveillé le public jusqu’à ce qu’il aille spontanément danser à la fin spectacle.
Ainsi, avec Hurt me tender, le cirkVOST emmène le public dans un spectacle qui fait du bien, coupant le souffle avec ces voltigeurs, qui par ailleurs jouent avec facilité de chutes assumées allant dans la continuité de l’univers. On en sort heureux, et c’est bien ce qui fait qu’au fond, c’est un moment réussi.
Eléonore Kolar
Mise en scène Florent Bergal assisté de François Juliot. Regard acrobatique Germain Guillemot du Cirque Soleil. Durée 1h. Acrobates Benoît Belleville, Arnaud Cabochette, Théo Dubray, Sebastien Lepine, Jef Naets, Océane Peillet, Jean Pellegrini, Tiziana Prota, Elie Rauzier, Cécile Yvinec. Musiciens Johann Candoré, Kevin Laval, Benjamin Nogaret, Lionel Malric. Créations lumières Simon Delescluse, Christophe Schaeffer. Technique Frédéric Vitale, Christophe Henry, Simon Delescluse, Maxime Leneyle. Costumes Anaïs Forasetto