Critique de spectacle, Critiques de Spectacles à Lyon

Triiio, par Alain Reynaud, Alain Simon, Heinzi Lorenzen et Gabriel Chamé Buendia

Vu au théâtre de la Croix-Rousse

Quand des grands clowns se rencontrent

Il est toujours délicat de faire se rencontrer des clowns qui ont chacun leur histoire, leur passé et leur identité propre. Pourtant, ce trio réunit trois grands clowns contemporains et parvient à leur laisser une place à chacun, à les laisser rayonner, tout en créant une énergie de groupe qui entraîne le public dans un tourbillon.

© Daniel Michelon

© Daniel Michelon

Félix, Piola et Fritz construisent un spectacle autour du non-événement. Sur le prétexte de toujours attendre que l’événement commence, on assiste au décalage éternel de cet événement, toujours retardé par des crises clownesques. Le raté, le hasard, l’erreur sont comme souvent en clown des moteurs de gags et des prétextes au déploiement du jeu. Sans grande originalité, mais avec beaucoup d’efficacité, nos clowns reprennent donc les différents moyens du comique, la répétition, l’objet récalcitrant, les lazzis comme celui de la mouche, les acrobaties fictives et les quiproquos pour susciter un rire bouffon. La grande énergie déployée sur scène la dépasse et rejaillit jusque dans l’espace du public, que les clowns envahissent et investissent.

Le jeu avec le public, tantôt complice tantôt désigné comme coupable et ennemi occupe une grande place dans les relations entre les clowns et dans les relations entre le plateau et la salle. Un des clowns, Félix, a d’ailleurs un rôle de médiateur, de facilitateur des relations entre des clowns très détachés des codes sociaux humains et un public qui se laisse entraîner avec plaisir dans cette décadence des mœurs et cette remise en cause des codes établis.

Mais le burlesque et le grotesque qui déclenchent le rire cachent, comme souvent, une angoisse profonde de l’existence et un art du raté, qui fait rire le public seulement parce qu’il est ressenti comme sans conséquence et parce qu’il arrive à un autre. Cette ambiguïté du rire vient donner une profondeur à ce spectacle qui parle donc différemment mais avec le même plaisir à des public divers et de tous âges.

Louise Rulh

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