Jusqu’au 26 Juillet, les jours pairs au Centre Européen de Poésie d’Avignon
Bruno Bisaro nous dévoile avec passion, les accents d’une poésie de la mobilité, du désir qui ne s’achève jamais, des corps qui jamais ne perdent leurs saveurs. Le poème de Mogador forme dès lors une sorte de soliloque, où le lecteur-spectateur peut percevoir une écriture de soi, mais pas pour se consoler ou se confier d’être et de raconter l’histoire de sa personnalité, mais bien plutôt pour montrer ses faiblesses, hurler sa solitude à la nuit pour faire naître ses ardeurs.
La lecture du texte procède d’une véritable interprétation, c’est un véritable échange de foi et d’amour que Bruno Bisaro nous propose ici. Pour moi, qui ne connaissait Yves Navarre que de nom, j’ai découvert un très grand poète dont je risque de lire l’œuvre, tellement sa verve est puissante et charnelle, tellement les mots qu’il enchaîne ne forment pas des phrases, mais des morceaux de vies brisées que l’écriture poétique reconstruit. La parole poétique révèle non pas une fragilité mais une impuissance, une inconvenante tragédie personnelle qui reste comme un fragment d’éther dans l’imaginaire du poète, qui entreprend une plongée introspective, non pas seulement dans ses pensées les plus intimes, mais dans ses désirs plus secrets et les plus inavoués, pour se savourer lui, dans les entrelacs d’une altérité qui l’immole.
Cette représentation devient de fait un moment unique, où la poésie croise le regard de nos cœurs, où la fatigue de nos corps lassés par tant de théâtre spectaculaire, se relâche, et prend l’espace d’une heure, le chemin délicieux d’une interprétation sincère et belle d’un poème appelé à devenir d’ici peu ce que l’on a coutume d’appeler dans la tradition scolaire, un chef d’œuvre.