L’histoire de Falk Richter est empreinte d’une critique sous-jacente de la société capitaliste, pleine de son immuable assurance, qui parle son propre langage, qui utilise ses propres codes vestimentaires et humains. Il s’agit d’une description figurative du monde de l’entreprise, mais d’une entreprise d’audit pour la publicité ou les campagnes politiques, où tout n’est plus contrôlé par l’homme, mais par une sorte de divinisation progressive de la société de consommation qui révèle une réalité bien trop vraie aujourd’hui, l’abâtardissement progressif d’une population qui ne réfléchit plus, qui vit au gré de la télévision et des discours ravageurs.
Les comédiens livrent une très belle interprétation quoique peut être un peu trop métallique, et d’une sonorisation bien trop poussée qui crée beaucoup de distance, mais non pas une distance subjective, mais critique. Le texte est ainsi fait que la poésie naît de l’instant de la perte et de l’engloutissement, comme pour mettre un terme à la litanie dithyrambique de la place supra-divine de l’homme dans le système capitaliste. Le texte relate l’évolution d’un personnage qui prend peu à peu conscience de sa vanité et qui se fait envahir par les objets qui vivent leurs vies de consommateur et d’acheteurs à sa place.
La mise en scène forme une très belle proposition, quoique un peu trop empreinte de technicité, encombrée par la sonorisation trop accentuée et la musique assourdissante et moche, mais c’est sans doute un choix délibéré pour montrer la dévastation progressive de l’homme incapable de se regarder, de se reconnaître et de s’aimer tel qu’il est.