Critique de spectacle

Binômes Le poète et le savant : Les Larmes Acides de Bonne-Maman dans un texte de Julie Aminthe mis en lecture par la compagnie Le sens des mots

Ce texte est une métaphore de la science, non pas d’une métaphore qui révélerait la beauté et la caresse de l’océan qui étreint et qui fascine, mais d’une métaphore vive pleine de ressentiments et qui révèle toute la menace que la pollution humaine représente pour la biodiversité marine et surtout pour notre existence.

Julie Aminthe a su écrire un texte plein d’un enfermement vagissant, à trois voix isométriques, qui nous donne à entendre les sentiments contradictoires d’une humanité aveugle qui refuse de se laisser atermoyer et qui veut combattre contre elle même, contre l’aveuglement de l’humain en général, qui se détruit de l’intérieur, d’une manière minérale, sans voir l’horreur de son appétence.

Le texte s’inspire d’une rencontre avec un océanographe, un vocabulaire technique est employé par l’auteure, mais il est toujours appliqué à l’homme, comme autant de termes médicaux, pour préparer une terrible disparition. Le texte crée une émotion sapide, la valeur poétique de ce texte prévaut en ce que les personnages semblent complètement dépersonnalisés, se détachant peu à peu des liens familiaux qui les enserrent, ou tentant désespérément de s’y rattacher. La maladie de cette bonne-maman qui prodigue ses caresses et ses ondes positives pour expurger les âmes de toute insanité et d’amertume bilieuse, révèle bientôt avec fracas un monde en déliquescence, une saturation qui inscrit le péril de mort dans le cabinet de Bonne-Maman, et qui pousse les personnages à pousser des cris, à respirer l’air putréfié d’une humanité atrophié par la concupiscence, la jalousie et la méchanceté.

Cette mise en lecture par la compagnie présage d’un bel avenir pour ce texte, qui bien que court, présente de grandes qualités rythmiques, ainsi que d’une très belle poésie qui ploque les études scientifiques pour en donner la tonalité inquiétante et alarmiste, et qui met en perspective, non plus seulement la destruction de l’homme par l’homme, mais l’acharnement de l’homme à se croire inextinguible, dans l’impuissance même de sa pâle ingratitude.

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