Critique de spectacle

Mary’s à minuit de Serge Valletti, mis en scène et interprété par Valérie Schwarcz Un spectacle représenté du 3 au 6 décembre au Théâtre Dijon Bourgogne Salle Jacques Fornier.

Les yeux fixés sur cette étrange créature, le corps coi dans son siège, le spectateur s’interroge. Quelle est l’histoire de cette femme, Maryse, quel est cet esprit confus où les mots forment une étrange poésie qui révèle un sentiment d’angoisse et d’appréhension. Le texte incarne bien cette labilité du personnage, d’une extrême sensibilité certes, mais qui glisse sur sa propre vie sans en éprouver réellement du plaisir.

Se souvenir est pour elle une chose douloureuse, cette douleur s’exprime dans une certaine forme de frénésie ; cette douleur, c’est l’expression d’un manque. Cet être se retrouve ainsi seule dans ses fantasmes et dans ses rêves brisés, sans pouvoir vraiment en ressentir toute l’amertume, mais elle ne regrette rien. Le texte est fait d’un langage vif et piquant, et nous montre le personnage de le tabut du monde, monde clos sur lui même, qui se concentre autour de quelques figures comme un pianiste, un plombier, un docteur et le personnage typique de l’amoureux à la voiture de Sport. Le texte construit comme un soliloque, nous donne à entendre et à percevoir, l’esprit abâtardi d’une femme délaissée. L’expression de son désespoir n’est pourtant pas latente, il se conjugue avec un humour fracassant et une vivacité pleine de gaillardise.
La comédienne Valérie Schwarcz interprète ce rôle complexe avec un talent remarquable. Son personnage et son jeu reflètent assez justement l’expression du dénuement, en même temps qu’une certaine forme de dilection, ce qui rend le personnage à la fois étrange et attachant.
La comédienne, dans son univers scénique a su conforter et transmettre ce qu’elle voulait donner comme émotion à travers l’expression poétique du texte. En effet, chaque élément prend place dans une symbiose mignardée, qui rend tour à tour plus terrible le déroulement de la parole, et d’autant plus grand la fragilité de l’être. Se raconter sur scène avec des objets, assise sur un tabouret, dans une atmosphère qui évoque un studio de photographie, avec un fond composé de persienne,donne un effet qui rend l’intimité du personnage plus sincère avec le spectateur, qui assiste de l’intérieur à « l’épanchement du songe dans la vie réelle », pour reprendre une expression nervalienne. L’histoire de cette femme est de fait très difficile à recomposer, et son expression par le personnage de Maryse assez difficile à saisir pour le spectateur.

Au milieu de ce charivari de souvenirs, de rêves, de réflexions sur sa propre vie, le personnage nous livre peu à peu son être intérieur. La comédienne a parfaitement su jouée de cette dimension quasi-onirique, mais toujours liée à une réalité imperfectible comme la vieillesse ou l’alcoolisme où même la violence. Parmi ces maux se trouve un espace incertain où le personnage semble vouloir ressentir du plaisir dans la rencontre, dans le partage, dans la sexualité. La comédienne a su parfaitement faire écho de cet appel du plaisir à travers son jeu qui nous montre une âme fluette, sincère et pleine d’animosité, un personnage drôle en somme à l’histoire tragique.

Valérie Schwarcz nous livre une belle mise en scène, à la délicatesse sensible, qui révèle un vrai décor qui laisse entier et libre le champ du rêve pour le spectateur. En même temps que très épurée, sur cet espace scénique, la lumière révèle les zones d’ombres et illumine ce personnage, perce son intimité. De très beaux moments, de belles émotions au cours de cette représentation, nous donnent à penser la matière de l’incertain : Comment croire en la vie et s’y attacher lorsque que l’on a autant de difficultés?

Ce spectacle nous livre avec beauté, l’aspiration de toute femme : être considérée à l’aune de sa propre personnalité, et non pas des préjugés ; cette femme interroge le monde, bien plus elle l’admoneste.

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