Cette représentation est singulière et d’une exaltante beauté qui nous fait frémir à chaque instant. Le texte de Copi nous livre une étrangeté accablante, et nous montre l’histoire d’un travesti, empreint de questions existentielles sur son passé et son avenir. Comparable à l’univers de Pedro Almodovar dans « Étreintes brisés », cette représentation est une pure merveille pleine de sensibilité, et nous dévoile les souffrances intérieures et les meurtrissures du personnage principal. Le comédien est d’une extraordinaire justesse, et nous dévoile son intimité profonde avec précision et générosité. Son acolyte interprète plusieurs personnages à la fois, avec une sagacité et une promptitude déroutante.
Le décor et l’univers lumineux mettent bien en exergue la fulminante réalité de l’émotion authentique, qui est ici travaillée avec une esthétique poignante et novatrice. Un vrai moment plein d’émotions, qui nous mène avec humour et violence dans l’univers de ce personnage, en pleine déconstruction, où l’élément le plus haïssable demeure le frigo, nœud de l’intrigue, qui est placé au centre de la dramaturgie. Un grand moment beaucoup trop court en durée, qui nous laisse béat et plein d’animosité.