Cette représentation est une mise en scène d’un texte de Martin Crimp, par deux jeunes comédiens , au jeu frénétique et à la veine comique. L’histoire est celle d’un couple banal pris dans un quotidien qui se transforme vite en un tartare abyssale, où la juste mesure dans la relation humaine entre deux êtres aimant l’un de l’autre ne peux pas être trouvée, entre les jeux sexuels, l’hystérie du ménage, et la jalousie intestine. La pièce est d’une très grande gravité, et les comédiens évoluent dans cette mise en scène épurée qui évoque un salon et une cuisine avec quelques meubles et un lino jaune sur le sol. Ce jaune donne un ton particulier à la représentation et augmente l’effet que le plateau serait une sorte de laboratoire où l’on peut observer les comportements sociologiques.
On assiste passif à la destruction de ce couple incapable d’avoir une vie normale, dans cet appartement dont ils ne sortent jamais, et qui constitue une sorte de cage dans laquelle ils sont condamnés à se voir et à vivre ensemble, et devant laquelle le spectateur est confrontée. Les deux comédiens sont d’une énergie débordante, l’utilisation de perruque et le travail sur les mimiques leur donne un comique plus honorable et renforce leur irréalité jusqu’à la caricature, qui nous laisse parfois perplexe.
L’ensemble reste tout de même fragile, par la grande jeunesse des comédiens et la difficulté de monter ce texte, dont le metteur en scène n’a pas véritablement su tirer un beau parti. Cela est certainement dû à l’enchaînement trop rapide des tableaux et à l’énergie non maîtrisé du comédien Tom Politano. Le rire se transforme en un rictus amer tant l’ensemble reste d’une bien étrange facture.