Critique de spectacle

La Panne de Friedrich Dürrenmatt dans une mise en scène de Fabien Buzenet par la compagnie les Éparpillés à L’albatros théâtre du 5 au 27 Juillet à 20h45

Cette représentation est à ma connaissance, une des meilleures comédies de ce festival qu’il m’est été donné de voir jusqu’à présent cette année. Cela tient en grande partie au génie de l’auteur et à l’interprétation hilarante de l’ensemble des comédiens. Ils ne tombent à aucun moment dans la rugosité et la barbarie du théâtre de boulevard qui force le rire par des artifices douteux. Ici l’ensemble est d’une veine beaucoup plus hardie, le rire est ici suggéré par des mécanismes propre à chaque comédien et maîtrisé sans la marque d’une moindre faiblesse. Le choix du texte et sa mise en scène sont d’une grande intelligence et n’ont rien de surfait, de lourd ou d’impétueux.

 

Cette troupe de jeunes comédiens nous livre avec talent les tribulations d’un cénacle de vieux retraités des professions de la justice, qui pour passer le temps, tout en consommant force boissons de grands crus séculaires aux origines douteuses, organisent des séances de jugement. C’est au cours de ses séances qu’ils s’attachent à imaginer la culpabilité de gens, qui en entrant ne sont pas coupables, mais qui avouent ensuite des crimes horribles qu’ils n’ont pas commis, pris par l’ivresse et la véhémence du jeu.

Comme le dit l’un des personnages, ils sont des sortes de dramaturge de la soûlographie qui combattent la mégalomanie de ce siècle : être coupable. L’utilisation savante du vocabulaire judiciaire à des fins détournées et le flot du vin font de cette séance atypique, une sorte de rite dionysiaque qui fait tomber les masques de la scélératesse qui demeure enfouie profondément en chacune de nos consciences. Même innocent, on est toujours coupable, et c’est là le drame de notre existence humaine que cette pièce met en bien en évidence à travers cette satire de la justice.

Le voyageur qui arrive dans cette maison d’aliénés, n’en ressort pas intact, et le spectateur aussi, vibrant aux sons des réquisitoires et attendant patiemment le jugement et son issue. Le décor est d’une grande efficacité et permet de moduler les scènes et les plans, de même que le déroulement des différents tableaux est simplement ponctué par des noirs lorsqu’il y a des changements de lieux. Même si l’ensemble des décors et des jeux de lumières restent assez banals, le vrai travail se trouve dans l’interprétation du texte qui crée une véritable atmosphère et des tensions réelles à travers une énergie que le metteur en scène a su habillement employer.

Un spectacle qui fait beaucoup de bien après une journée difficile !

 

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